C’est le dossier sensible du moment sur la place de Paris. Allianz France serait en discussion pour racheter Vilavi (ex-Assu 2000), dont l’actionnaire principal est Jacques Bouthier, ancien PDG du groupe actuellement mis en examen pour traite d’êtres humains, viols sur mineure et tentative d’enlèvement.
S’il n’est pas encore officiellement en vente, Vilavi (ex-Assu 2000), le groupe de courtage d’assurance fondé par Jacques Bouthier pourrait être racheté par Allianz France. La filiale tricolore de l’assureur allemand travaille à marche forcée pour remettre une offre le 9 juin. Mais Olivier Bäte (PDG d’Allianz) et Fabien Wathlé (DG Allianz France) doivent donner leur feu vert. Tout comme, Giulio Terzariol, en charge de la compliance de l’assureur Munichois.
Allianz préfère pour l’heure garder le silence sur l’opération or les risques s’accumulent pour Allianz qui jusqu’à présent réagit par un silence assourdissant. Évidemment, un risque de compliance majeur, puisque l’argent des assurés et actionnaires d’Allianz servirait à remplir les poches de Jacques Bouthier mis en examen pour, excusez du peu, traite d’êtres humains, viols sur mineure et tentative d’enlèvement en bande organisée.
Mais également une opposition farouche des assureurs de la place parisienne, qui n’envisagent rien de moins que de retirer leur soutien à Vilavi si Allianz en prenait le contrôle, mettant en risque plusieurs milliers d’emplois.
Enfin, quelle sera l’attitude des agents généraux d’Allianz ? Selon la presse, le rachat de Vilavi pourrait également empoisonner les rapports entre Allianz France et son réseau d’agents généraux : après le « scandale » du partenariat avec le Crédit Mutuel, qu’ils considèrent comme un ennemi, ils s’opposent au rachat des agences Assu 2000, concurrentes sur la cible des particuliers.
Reste bien sûr la question du rôle de BNP Paribas, qui se trouve malgré elle actionnaire de Vilavi et actionnaire d’Allianz. La banque européenne, très soucieuse des questions de compliance, se laissera-t-elle entraîner dans cette mauvaise affaire ?
Le dossier est sordide. Jacques Bouthier est accusé d’avoir contraint une jeune femme de 16 ans à la prostitution durant 5 ans. En mai dernier, la femme désormais âgée de 22 ans s’est rendue au commissariat pour témoigner, et transmettre une vidéo où l’on voit le septuagénaire dans un lit avec une adolescente de 14 ans.
Apprenant que la plaignante voulait le dénoncer à la police, Jacques Bouthier aurait offert 1,2 million d’euros à deux salariés de sa boite, ainsi qu’à un brigadier en exercice et un membre du GIGN pour la kidnapper, la renvoyer au Maroc, tout en récupérant la vidéo compromettante. En vain.
Le riche homme d’affaires (classé parmi les 500 premières fortunes françaises), a passé dix mois derrière les barreaux, avant d’être remis en liberté le 20 mars en raison de son état de santé, après avoir versé une caution de 500 000 euros.
Le 24 mai 2022, trois jours après son placement en détention, Jacques Bouthier a démissionné de son poste de président d’Assu 2000, rebaptisé dans la foulée Vilavi. L’homme d’affaires a conservé la présidence d’Amapola, actionnaire à 87,29% de Vilavi, qui compte 1 800 salariés pour 546 876 clients.
« Depuis plusieurs semaines, l’heureux actionnaire prépare, dans la plus grande opacité, la cession de sa boîte à l’assureur allemand Allianz, avec la complicité de Michael Hörr, un ancien cadre dirigeant de la firme de Munich qui, depuis août, occupe le fauteuil de président de Vilavi, et celle de Jacques Richier, le président d’Allianz France », indique Le Canard enchaîné.
Selon l’hebdomadaire, les fonds d’investissement ne se sont pas penchés sur cette cession afin d’éviter tout risque sur leur réputation. La transaction pourrait rapporter à Jacques Bouthier entre 300 et 500 millions d’euros.