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Le projet d’une semaine de travail de quatre jours, initié par la société barcelonaise Metrickal, visait à améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ce projet a toutefois révélé un phénomène inattendu : un employé à distance basé au Pérou cumulait deux emplois à plein temps. Cette découverte a été rendue possible grâce à un logiciel de suivi du temps, introduit pour préparer la transition vers une semaine de 32 heures. Cet incident met en lumière les défis éthiques posés par le télétravail et le suremploi, un phénomène en pleine expansion.
La quête d’un meilleur équilibre travail-vie privée
Le passage à une semaine de travail réduite était censé renforcer la productivité et le moral des employés de Metrickal. L’entreprise, qui compte dix employés à temps plein et plus de 200 freelances, a toujours cultivé une culture de confiance et d’indépendance. Cependant, la popularité croissante de la semaine de quatre jours, soutenue par des études telles qu’une enquête de l’IFOP en 2024 montrant que 79% des Français sont favorables à une réduction du temps de travail, a incité Metrickal à évaluer l’utilisation du temps par ses employés.
Pour ce faire, ils ont implémenté DeskTime, une application de suivi des activités qui enregistre les modèles d’utilisation et prend des captures d’écran tout au long de la journée de travail. Bien que l’application n’ait pas été conçue pour surveiller un employé en particulier, des plaintes de clients concernant des délais non respectés ont conduit à un examen des logs. C’est ainsi que l’activité fréquente liée à une entreprise américaine a été découverte, révélant que l’employé travaillait simultanément pour deux entreprises.
De la suspicion au licenciement
Patrick Synge, cofondateur de Metrickal, a d’abord tenté de remédier à la baisse de performance de l’employé par le dialogue. Malgré ces efforts, aucune amélioration notable n’a été observée, et les délais continuaient à être ignorés. Les données de DeskTime ont confirmé les soupçons de Synge, menant à une décision de licenciement immédiat.
Le plus surprenant pour Synge a été l’audace de l’employé, qui a rapidement mis à jour son profil LinkedIn pour indiquer qu’il travaillait désormais à plein temps pour l’entreprise américaine. Cette réaction a renforcé l’idée que l’employé avait mentalement quitté Metrickal bien avant son licenciement formel.
Le suremploi : éthique ou inévitable ?
Le cas de Metrickal n’est pas isolé. Avec la normalisation du télétravail, de plus en plus de travailleurs cumulent discrètement plusieurs emplois, souvent sans en informer leurs employeurs. Bien que cette pratique ne soit pas illégale dans la plupart des cas, elle soulève des questions éthiques et expose les entreprises à des risques de productivité et de sécurité des données.
Le mouvement des « Overemployed », popularisé par des forums et sites web, soutient que les travailleurs ont le droit de maximiser leurs revenus dans une économie volatile. Cependant, des critiques soulignent le manque d’honnêteté inhérent à cette pratique. Pour Patrick Synge, l’enjeu était aussi le moral de l’équipe et la satisfaction des clients.
Une leçon pour les entreprises prônant le télétravail
La tendance vers plus de flexibilité, y compris des semaines de travail réduites, ne semble pas prête de s’inverser. Des essais dans des pays comme le Royaume-Uni et l’Islande ont montré que des horaires réduits peuvent maintenir, voire améliorer, la productivité. Cependant, ces résultats dépendent de l’engagement et de la transparence des travailleurs.
L’expérience de Metrickal montre que la confiance est essentielle, mais qu’elle doit être réciproque. Si des logiciels de suivi comme DeskTime peuvent sembler intrusifs, ils deviennent parfois nécessaires pour les gestionnaires à distance qui perdent de vue leurs équipes. La quête d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée continuera, mais le débat sur la surveillance restera présent.
Alors que le télétravail continue de redéfinir les normes professionnelles, une question demeure : comment les entreprises peuvent-elles maintenir un équilibre entre la flexibilité désirée par les employés et la responsabilité nécessaire à la réussite organisationnelle ?
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Wow, quelle audace de jongler avec deux emplois en même temps ! 🤹♂️
Wow, c’est incroyable qu’il ait pu jongler entre deux emplois ! 😮 Comment a-t-il fait pour ne pas se faire prendre plus tôt ?