Une révolution médicale est en marche pour les candidats aux greffes de peau, grâce à une alliance entre une startup bordelaise et un hôpital de Marseille où sera testée sur l’homme la peau imprimée en 3D, promettant ainsi d’être un grand pas en avant, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives.
Naissance d’une collaboration prometteuse
L’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et la start-up Poietis travaillent depuis trois ans à l’élaboration d’une peau bio-imprimée pour les greffes humaines. Cette collaboration est née d’une ambition commune : proposer une alternative aux traditionnels prélèvements de peau nécessaires pour les greffes, une pratique souvent pénible et difficile pour les patients. Les premiers essais cliniques sont prévus pour bientôt, de quoi susciter une forte attente dans la communauté médicale.
Évolution de l’impression 3D
Les progrès de l’impression 3D dans le domaine médical ont été fulgurants ces dernières années. La bio-impression, qui utilise des cellules vivantes comme « encre » pour imprimer des organes biocompatibles, occupe une place de plus en plus importante dans le domaine de la recherche et découle de la volonté d’améliorer les processus de greffe. Le principe ? Extraire simplement deux centimètres carrés de peau du patient, cultivés ensuite en laboratoire, avant d’être « imprimés » en plusieurs couches sur une base de collagène.
D’un produit de laboratoire à une réalité clinique
Selon Julie Véran, responsable de production d’unité de thérapie cellulaire à l’AP-HM, le processus est prometteur mais nécessite encore quelques ajustements. Les premières phases de tests ont été réalisées avec des morceaux de peau destinés à être détruits et les résultats ont été encourageants. La prochaine étape consiste à tester la nouvelle peau sur une population de dix à quinze patients.
Des limites à surmonter
Cependant, il subsiste des obstacles techniques à surmonter. La surface de peau bio-imprimée ne peut excéder 40 cm² actuellement, les plaies sont donc limitées en taille. De plus, les greffes ne seront pas pratiquées sur le visage, les mains ou les avant-bras pour minimiser les éventuelles cicatrices. Julie Véran avoue également que le processus d’impression est long, ces dernières prenant jusqu’à une journée entière.
Perspectives d’avenir
Mais l’AP-HM et Poietis visent plus loin. Ils espèrent pouvoir bio-imprimer du cartilage et même des cornées. Ce serait une avancée signicative, selon un chercheur de l’Inserm qui souhaite rester anonyme. Une autre limitation est qu’à ce jour, la peau bio-imprimée est uniquement conçue pour des peaux blanches, même si l’ajout de mélanine est sur les rails.
La biotechnologie de l’impression 3D de peau n’a pas encore révélé toutes ses promesses. Si les essais cliniques se révèlent concluants, nous pourrions assister à une nette amélioration des processus de greffe dans le futur. Un domaine passionnant qui repousse sans cesse les frontières du possible. Faudra-t-il pour autant revoir nos conceptions autour du corps et de l’identité corporelle ?