L’inquiétude grandit au sein de l’INRS, un acteur de premier plan dans la prévention des risques professionnels, face à une réduction sévère de son budget imposée par le gouvernement. Le mardi 11 juin, une centaine de salariés de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) ont manifesté aux abords du ministère de la Santé, répondant à l’appel de la CFDT, de la CGT et de la CFE-CGC. Les manifestants dénoncent ce qu’ils qualifient d’étranglement financier orchestré par les autorités publiques. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, le Premier ministre Gabriel Attal avait promis une « grande initiative » pour réduire les accidents de travail. Les enjeux sont donc multiples et cruciaux pour l’avenir de l’institut.

La subvention gelée : un frein majeur pour l’INRS

En 2022, le conseil d’administration de l’INRS avait unanimement voté pour l’augmentation de la subvention dans le cadre du budget de la branche accidents du travail-maladie professionnelle (AT-MP) de la Sécurité sociale. Cependant, cette décision est restée lettre morte. Depuis, l’INRS fonctionne avec un budget provisoire. Marc Benoît, représentant syndical pour la CGT, souligne que « l’enveloppe provisoire de 63 millions en 2024 ne couvre pas les besoins ». L’organisme aura besoin de 91 millions pour mener à bien ses missions.

L’Accord national interprofessionnel de 2023 avait également prévu une augmentation annuelle de 100 millions d’euros dédiée à la prévention des accidents du travail. Cependant, l’INRS n’a rien reçu de cette promesse. Selon les syndicats, cette situation est d’autant plus révoltante que la branche AT-MP de l’assurance-maladie affiche un excédent de 2,2 milliards d’euros en 2023.

Conséquences immédiates des restrictions budgétaires

La réduction budgétaire a déjà des conséquences tangibles. De nombreuses missions et recherches cruciales sont en pause voire arrêtées. « Nous n’avons plus de formation sur les risques du bâtiment », alerte Jérôme Grosjean de la CFDT. La production intellectuelle essentielle dans certaines filières professionnelles est mise en péril par cette vision à court terme. Les restrictions budgétaires mettent également en danger des études importantes comme celles des risques psycho-sociaux.

Faute de financement adéquat, l’embauche de six postes prévus est annulée, compromettant ainsi des recherches vitales pour la santé des travailleurs. Ce manque de capacité de réponse face aux dangers potentiels exacerbe les inquiétudes des salariés de l’INRS comme des syndicats.

Un avenir inquiétant pour l’institut ?

La survie même de l’INRS est en jeu. Sophie, une employée de l’institut, confie que « les salaires sont assurés jusqu’en septembre, mais après cela, la situation devient critique ». Alexandre Dubus de la CFE-CGC ajoute que le nombre d’experts disponibles a déjà diminué, et la diffusion mensuelle du bulletin aux entreprises a été réduite. « Les experts sont moins nombreux pour répondre aux demandes ».

Cet état de précarité est amplifié par la perspective d’une majorité Rassemblement national à l’Assemblée nationale. Les grévistes craignent que l’exonération des cotisations patronales prônée par ce parti ne mette un terme définitif à leur financement. « Cela serait le dernier clou dans notre cercueil », conclut Jérôme Grosjean.

🔍 Résumé du contenu
🛑 Subvention gelée en 2022
Arrêt des formations
💼 Salaires payés jusqu’en septembre

La liste des conséquences directes comprend:

  • Gel de la subvention malgré une décision unanime
  • Arrêt de la formation sur les risques du bâtiment
  • Suppression des postes dédiés à l’étude des risques psycho-sociaux
  • Réduction du nombre d’experts disponibles

La survie de l’INRS n’a jamais semblé aussi précaire. Jusqu’où le gouvernement sera-t-il prêt à aller pour trouver un équilibre ? Les efforts promis pour la prévention des risques professionnels seront-ils concrétisés ? La situation appelle à une réflexion profonde sur la gestion des ressources publiques et la sécurité au travail. La France est-elle prête à sacrifier un pilier essentiel de la santé et de la sécurité des travailleurs au nom des restrictions budgétaires ?

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les tendances entrepreneuriales, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

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