Transport

Gobee.bike, l’exemple d’un échec

Ici comme ailleurs, nous sommes habitués aux success-stories. Oui, les start-up qui percent grâce à des concepts innovants sont nombreuses et ont de quoi impressionner. Mais à côté de cet océan de réussites il y a aussi des échecs, parfois cinglants. Le cas de Gobee.bike est là pour nous le rappeler : toute entreprise n’est pas vouée à casser la baraque !

Le concept de Gobee.bike

La location de vélos de ville dans les centres urbains est une réalité dans de nombreuses métropoles. La plupart des communes pionnières en la matière ont commencé avec des bicyclettes sécurisées grâce à des bornes.

La start-up Gobee.bike, fondée en 2017 et installée à Hong Kong, a misé sur le concept du vélo sans borne. Son créateur Raphaël Cohen, de nationalité française, parle de « free floating ». Ce sont des centaines d’engins à deux roues qui ont pris place dans plusieurs villes. L’objectif était de prendre le pas sur les systèmes disposant de bornes. Une application dédiée permet de géolocaliser des vélos et de scanner un QR code pour déverrouillage. Un GPS intégré est là pour empêcher le vol ou retrouver rapidement le malfrat. L’idée a déjà bien fonctionné en Chine, tout en réduisant la pollution de l’air.

Le journaliste Sébastien Olland a testé ces vélos pour vous :

L’accent a été mis sur la souplesse, puisqu’un abonnement n’est pas forcément nécessaire. Dans ce cas, l’usager est facturé 50 centimes d’euro par tranche de 30 minutes. C’est donc bien moins cher qu’un titre de transport en commun. OBike, un concurrent venu de Singapour, joue sur le même tableau.

Fort heureusement (au vu des problèmes que nous allons voir tout de suite), il ne s’agissait pas de vélos électriques !

L’heure des difficultés

Les cycles de Gobee.bike arborent une couleur vert pétard. Elle fait aujourd’hui penser à La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf. De son côté, l’abeille – « bee » – choisie dans le nom même de la start-up et qui invitait à butiner semble s’être changée en un frelon aux piqûres amères.

Dans le business plan de Gobee.bike, le théorique a été pris en compte, mais pas assez l’aspect humain et physique. Les déprédations possibles ont été largement sous-estimées. Celles-ci consistent en vols, dégradations et recels. Effectivement, l’usager pouvant théoriquement laisser son vélo n’importe où après sa course, il peut bien le mettre dans la cour de son immeuble où personne d’autre que lui ne viendra l’emprunter… En outre, les réparateurs sont trop peu nombreux et les tarifs pratiqués ne permettent pas d’étoffer le personnel. Inversement, toute augmentation tarifaire réduirait à néant la compétitivité du modèle. C’est une énigme pour le moins difficile à résoudre !

L’incivisme se répand en France et les vélos en font les frais. Source : PxHere

Résultat des courses : après une levée de 9 millions de dollars au cours de l’été 2017, l’entreprise amorce une véritable marche arrière. Ses flottes disparaîtront de Bruxelles, Lille et Reims : ce sont des marchés en moins, tandis que d’autres s’avéreront sans doute intenables. Le 4 janvier 2018, sur les 400 vélos initialement mis en circulation, seuls 380 étaient encore opérationnels à Reims, l’entreprise ayant déposé plus de 80 plaintes en quelques semaines seulement. Leur destruction semble avoir été le jeu favori de diverses bandes. Ces reculs de Gobee.bike montrent en tout cas l’importance qu’ont prise les incivilités en France.

Pour l’instant, le cap est maintenu à Paris et à Lyon. Mais le groupe Gobee.bike joue autant que possible au roi du silence… De fait, c’est une période difficile pour lui.

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