Dans un contexte géopolitique tendu, le coût des smartphones pourrait connaître une hausse en raison de la localisation des usines de fabrication de leurs principaux composants, comme le souligne la firme TSMC de Taiwan. La volonté croissante de diverses nations et entreprises d’approvisionnement local pourrait causer un rehaussement significatif du coût de production et donc du prix final du produit pour le consommateur.
Le coût élevé de la géolocalisation des usines
L’entreprise TSMC, fabricant majeur de processeurs pour smartphones et autres appareils électroniques, révèle devant les coûts élevés associés à la construction et à l’opération d’usines locales, que le coût des processeurs pourrait augmenter. En effet, la firme a récemment annoncé la création d’une troisième usine aux États-Unis, portant ainsi à 65 milliards de dollars son investissement total dans ce projet. Un montant considérable, qui est toutefois soutenu par un financement américain de 6,6 milliards de dollars.
Cependant, même avec le soutien financier, la fabrication de puces électroniques reste plus avantageuse à Taiwan. Pour compenser cet écart, TSMC prévoit alors de commercialiser ses puces à des tarifs plus élevés. Selon les propos du CEO, CC Wei, rapportés par le Financial Times, il apparaît évident qu’un client souhaitant se localiser dans une certaine zone géographique doit être prêt à partager le coût supplémentaire.
La question de la souveraineté dans la fabrication des puces
Au-delà des questions purement économiques, c’est également une question de souveraineté qui se pose. TSMC prévoit ainsi de créer une coentreprise en Allemagne, l’European Semiconductor Manufacturing Company (ESMC), où elle détiendrait 70% des parts, les 30% restantes étant détenues par Bosch, Infineon et NXP. Le but : produire des puces pour le marché automobile et industriel.
De la même manière, l’Union européenne cherche à s’émanciper d’une dépendance aux producteurs de semi-conducteurs extérieurs. Ainsi, un nouveau texte de loi, l’acte « Chips », a été adopté par l’UE en 2023, visant à acquérir 20% de part de marché sur les puces électroniques d’ici 2030. Pour ce faire, ce texte mise fortement sur l’encouragement des investissements publics et privés dans les infrastructures de fabrication locale.
Lors de la présentation de cette loi en 2022, la présidente de la Commission européenne avait été très claire : « _Nos approvisionnements en semi-conducteurs proviennent de quelques producteurs en dehors de l’UE. C’est une dépendance que nous ne pouvons pas nous permettre._ »
Vous, consommateurs, impactés?
Dans ce combat pour la souveraineté technologique et l’optimisation des coûts, c’est le consommateur final qui pourrait en fin de compte en payer le prix. La hausse des coûts de production devrait se répercuter sur le prix des terminaux, comme les smartphones. Cette situation soumet à réflexion : jusqu’où sommes-nous prêts à payer pour soutenir l’économie locale et sécuriser notre approvisionnement en technologie?