L’intelligence artificielle (IA) fait une entrée remarquée dans le quotidien des avocats, chamboulant les pratiques ancestrales du métier. Mais comment ce changement se matérialise-t-il et que signifie-t-il pour le futur du monde juridique ?
Transformation de l’environnement de travail
Exit les piles vertigineuses de dossiers sur les bureaux, fini les rayonnages emplis de codes juridiques. L’ère du numérique a fait son entrée ; l’ordinateur portable est désormais l’outil de travail incontournable pour l’avocat de ce 21ᵉ siècle. Ce changement ne se fait pas sans l’aide de logiciels d’intelligence artificielle, capables de générer des données et des analyses en un temps record.
Julien Roux, managing partner chez A&O Shearman, un cabinet international d’avocats d’affaires, insiste sur l’importance de ces nouvelles technologies au sein de la profession : « Nous avons fait le choix de disrupter le marché juridique avant que quelqu’un ne le fasse à notre place ». C’est ainsi que la firme, forte de 4000 collaborateurs à travers le monde, a franchi le pas en intégrant l’IA à son quotidien.
Le rôle de l’IA : l’outil Harvey
Par le biais de la société OpenAI, le cabinet a développé Harvey, une plateforme d’intelligence artificielle qui a bouleversé le traitement des dossiers. En quelques secondes, elle est en mesure de fournir à ses utilisateurs des éléments de réponse précis, sous forme de synthèse. Il suffit de quelques clics pour obtenir des conclusions précises et documentées, là où auparavant plusieurs heures, voire des jours, auraient été nécessaires pour boucler le dossier.
Un atout pour les professionnels du droit
L’IA représente une avancée majeure pour les professionnels du droit. Elle possède un double avantage : elle fait gagner un temps précieux en faisant le tri entre les informations essentielles et celles qui le sont moins, et elle permet d’éviter les erreurs de jugement dues à la fatigue ou à l’énorme quantité de données à prendre en compte. Elle devient donc une aide précieuse face au syndrome de la page blanche, car elle est capable de fournir les éléments de base nécessaires pour démarrer tout travail juridique.
Ambivalence entre progrès et craintes
Si cette révolution technologique est en marche, elle n’est pas sans susciter certaines inquiétudes. Certains craignent que l’intelligence artificielle se substitue complètement à l’homme et fasse peser une menace sur la profession d’avocat en automatisant de nombreux aspects du métier. D’autres redoutent une déshumanisation de la relation entre l’avocat et le client, où la technologie prendrait le pas sur l’échange humain.
Toutefois, l’avis le plus partagé est plutôt que l’IA constitue un outil d’aide à la décision plus qu’une menace. Elle ne remplacera jamais l’analyse et le jugement humains qui sont au cœur de la profession d’avocat, mais elle permettra d’améliorer la qualité du travail fourni.
Quant à la peur d’une déshumanisation de la relation client, il faut bien comprendre que l’avocat reste l’interlocuteur privilégié du client, l’écoute et la relation de confiance étant les piliers de ce métier. L’IA, comme outil, ne fait qu’apporter un soutien supplémentaire pour faciliter le travail.
Evolutions et perspectives d’avenir
Bien que l’IA soit déjà bien ancrée dans le paysage juridique, son plein potentiel reste encore à explorer. Les possibilités semblent infinies tant le champ d’application est vaste. Soutenir la recherche juridique, aider à la négociation, faciliter la facturation, organiser la gestion du temps… les opportunités offertes par l’IA sont nombreuses. Avec ces nouvelles technologies, le monde juridique ne cesse de se réinventer au bénéfice de ses praticiens, mais aussi de ses clients.
Endossant un rôle pivot, les cabinets d’avocat du futur pourraient-ils être à l’origine de la prochaine disruption majeure dans le monde du droit grâce à l’IA ? Les choses bougent, et vite. Dans quel avenir s’inscrit cette transformation et comment les acteurs du monde juridique vont-ils s’adapter à ces changements ?
Ça vous a plu ? 4.6/5 (25)