François Rabelais se moquait déjà de la justice de son temps et de la longueur des procès… De fait, en divers endroits, le corpus juridique peut être très fourni et complexe, de sorte que chacun peut faire dire aux textes ce que bon lui semble – ou presque. Le droit algérien n’étant pas le plus maigre de tous, l’entreprise Legal Doctrine a lancé une plate-forme digitale afin de mieux le cerner. Voyons ce qu’il en est !
Un vrai travail de bénédictin
Vous pensiez que la France était un enfer fiscal, administratif et juridique ? Eh bien, au moins sur ce dernier point, on trouverait presque un équivalent… avec l’Algérie. Peut-être parce que cette contrée a eu un destin commun avec l’Hexagone les deux derniers siècles du second millénaire ? C’est possible, mais – quoi qu’il en soit – les sources juridiques algériennes actuelles couvrent grosso-modo 10 000 lois et 70 000 décrets composés d’environ 300 000 articles, avec en outre un bon millier de jurisprudences aussi diverses que variées. Tout un monde quoi !
L’auto-entrepreneur Walid Ghanemi est le créateur de la start-up Legal Doctrine et du site web afférent. Il aura mis cinq années à recueillir et organiser tous ces documents. Certains d’entre eux n’existaient que sous forme manuscrite, et il aura donc été le premier à les retranscrire sur un support informatique. C’est un vrai travail de bénédictin ! Mais ces efforts auront été couronnés de succès avec le lancement de la plate-forme en février 2018.
Cette prouesse est d’autant plus remarquable qu’elle a été réalisée le week-end, les jours fériés et pendant des jours de congé, Ghanemi travaillant dans des cabinets de conseil et d’audit. Cet infatigable travailleur a pu se rendre compte de la difficulté à accéder à des informations juridiques en Algérie. À son actif, il faut savoir qu’il est passé à Alger par l’École supérieure algérienne des affaires, dont il a obtenu un master en gestion et audit financier après sa licence de droit des affaires.
Le portail Legal Doctrine
Legal Doctrine existe en tant qu’entreprise depuis septembre dernier seulement, date à laquelle Walid Ghanemi a formellement créé sa société en y injectant dix mille euros. Mais la date la plus importante de son aventure, c’est celle du lancement de la version grand public du site, à savoir le 18 février 2018 !
La base de données accessible sur abonnement reprend tous les textes législatifs algériens en vigueur depuis 1962 dans les domaines de la banque, du commerce, de la fiscalité, du droit social et du bâtiment. Le tout repose sur la notion du Big Data, avec des algorithmes confinant à l’IA pour guider les utilisateurs. Un dictionnaire économique et juridique complète cette offre de services. Enfin, les chercheurs perdus pourront contacter 24 h/24 et 7 j/7 une assistance juridique en ligne via un chat.
Les clients ne sont pas uniquement des Algériens. Legal Doctrine a déjà servi à plusieurs entreprises ou particuliers de France, d’Italie et même de Suisse. Si un essai est gratuit, le coût de l’abonnement oscille entre 5 000 et 12 500 dinars environ, soit entre 35 et 90 euros à l’année. Les formules possibles sont en effet multiples. Ce portail devrait être rentable, pour l’entrepreneur, dès 2019. Ce dernier travaille actuellement dans la périphérie algéroise, à Baba Hassen très précisément. Il peut heureusement s’appuyer sur près de dix collaborateurs !
La version française actuellement disponible sera doublée d’une passerelle en arabe dès cette année, puis de la langue anglaise courant 2019. Petit à petit, Legal Doctrine fait donc son chemin ! Nous pouvons imaginer que des initiatives du même genre fleuriront dans tous les pays, de sorte qu’un jour il y aura peut-être une unique base juridique numérique… À voir !
- Site web : https://legal-doctrine.com
- Contact : [email protected]